La Saume ou le paradis du grimpeur

En cet été 2014 nous ne nous sommes pas jetés dans la traditionnelle foule de grimpeurs Céusien. Nous aspirions à un peu de calme et de changement. N’ayant pas un budget illimité permettant de s’envoler vers des parois vertigineuses à l’autre bout du monde nous nous sommes mis en quête d’une perle rare, pas trop loin de chez nous, dans le Briançonnais.

Nous avons dans un premier temps fait un tour des falaises de la région avec des satisfactions diverses. Cette première partie de nos vacances nous a amené à grimper sur plusieurs falaises intéressantes et très différentes les unes des autres. J’ajouterai que changer de falaise tous les jours empêche de se fixer dans des projets et oblige à une concrétisation rapide. (Pour voir ce que nous avons fait et découvert sur ces différentes falaises du Briançonnais cliquer ICI). Mais nous ne trouvions pas réellement ce que nous étions venus chercher, la falaise sur laquelle nous aurions envie de nous fixer pour plusieurs jours.

Pour voir la liste des voies c’est en bas !

La Saume
La Saume

 

Cependant depuis déjà un certain temps une falaise en particulier attirait notre attention, cette paroi nouvellement dans les topos nous avait été chaudement recommandée par quelques forts grimpeurs, mais aussi par certains locaux qui trop fiers de leur découverte n’avaient pas réussi à tenir leur langue et nous avaient révélé le potentiel étonnant de ce petit coin du Queyras. Le terme qui revenait le plus étant « mini Céüse ». Nous aurions bien évidement du nous y précipiter, mais une météo incertaine doublée d’une altitude relativement élevée et d’un accès décrit comme complexe nous a incité à patienter quelque peu.

Finalement en une belle journée de fin juillet nous nous lançons pour cette destination : la falaise de la Saume (également appelé « Vallon des Pelouses »).

Nous partons donc en voiture de Guillestre direction Ceillac. Avant d’y arriver nous tournons à droite sur une piste dont on nous avait prévenus qu’elle pouvait se révéler délicate avec une voiture basse. Pas de chance c’est le cas de notre 206. Mais finalement après 30 minutes de pilotage pour ne pas racler nous nous garons sains et sauf à l’ endroit désiré. Nous prenons nos sac et c’est parti pour 30 minutes de marche d’abord dans des coupes de bois puis sur un chemin des plus charmant le long d’un torrent et enfin au sommet d’une petite bosse nous découvrons ce que nous étions venu chercher le secteur 2 de la falaise de la Saume.

Une petite description s’impose. Nous découvrons un calcaire bleu et jaune rappelant inévitablement Céüse. Ce dernier, des plus compactes doit s’étendre au plus haut à près d’une centaine de mètres, le tout en léger dévers et dans un petit vallon vert des plus bucoliques.

Ni une ni deux nous enfilons nos chaussons. Notre première voie de chauf sera un 7b+ nommé « God Michou ». Ah oui, petit détail d’importance il n’y a pas beaucoup de voie facile à la Saume, évoluer dans le 8a semble bien pour pouvoir profiter pleinement de la falaise. Notre 7b+ est beau, traverse fortement et n’est pas des plus aisés, d’ailleurs ni Marine ni moi ne le réaliserons à vue. Certes nous étions déjà bien fatigués des jours précédents mais le niveau d’exigence de la falaise reste dans l’ensemble élevé, les cotations sont justes mais pas cadeau. Après nous nous lançons dans un 7c+ « M.I.Q » que j’aurai l’honneur de réaliser au premier essai. Son profil est celui que l’on retrouve dans toutes les voies de ce secteur, un départ technique dans du vertical, un bon repos puis une section rési dans du léger dévers. Après cela, usés par notre semaine briançonnaise nous renonçons en nous promettant de revenir au plus vite.

C’est ce que nous ferons une dizaine de jours plus tard mais cette fois-ci nous avons prévu 5 jours de grimpe complets à la Saume. Pour éviter la piste pénible en voiture et le petit bout d’approche nous avons pris le parti de bivouaquer.

Petite parenthèse sur le bivouac. Dormir à la Saume est très sympa. Le cadre est enchanteur, paisible… Du coup il faut qu’il le reste ; surtout ne pas laisser traîner de déchets ou autre PQ, ce serait trop dommage de se voir interdire ce petit coin de paradis. Pour info, il ne faut pas prendre l’eau n’ importe où , étant donné la présence de moutons, ceci dit il y a une source qui est captée par le berger, cette eau est potable. Autre info, les nuits peuvent être fraîches et un bon duvet n’est pas un luxe.

Un petit coin de paradis
Un petit coin de paradis

L’objectif de ce séjour n’est plus la découverte mais le croîtage en masse de voies les plus difficiles possibles. Espoir qui ne sera malheureusement que partiellement réalisé.

A partir de maintenant dans un souci de ne pas perdre le lecteur dans des détails futiles qui n’auraient pour lui que peu d’intérêt nous ne décrirons plus les événements de manière chronologique mais nous allons donner notre avis sur les voies en partant des plus faciles aux plus difficiles.

Liste des voies :

Voies d’échauffement :

Nous avons, je pense, essayé l’ensemble des voies dites de « chauf ». Ces voies se situent en général entre le 6c et le 7b je vous en propose un petit tour d’horizon.

« Le jardinier de l’extrême » 6c+ tout à droite c’est probablement le 6c+ le plus abordable. Il traverse légèrement sur la gauche sur de bonnes rampes puis part tout droit pour un final sur cannelure.

« Paye ta mission » 6c+ un réel petit bijou pour la cotation. Très homogène, pas un mouvement ne m’a semblé plus difficile que le précédent. Cette voie ne doit pas être loin de faire 30 mètres. A faire absolument la cotation n’est pas piège.

Voies du 7c+ au 8a :

Les 3 voies suivantes que je vais vous présenter sont des premières longueurs, il est possible de les poursuivre mais cela devient très long et en général il s’agit de 7c+ ou 8a.

« Le début de la voie n°13 » 7a (désolé elle n’a pas de nom dans le topo) une voie en dalle assez technique, il convient de bien se placer et de bien poser ses pieds. Intéressant et pas dans le style des autres voies du site.

« Mystic rêveur » 7b Un départ sur petites prises de main et de pied dans du vertical qui réveille bien (première longueur 7a). Ensuite un bon repos et une deuxième partie plus physique et parfois un peu morpho dans du rocher blanc. Marine n’a pas trouvé cette voie majeure.

« Skyrunning » 7b+ Un solide départ dans le vertical, un pas sur 2 toutes petites croutes de main doit pouvoir poser des difficultés. Arrivé à la fin du vertical, on a un bon repos puis on attaque dans du jaune en léger dévers avec des mouvements plus physiques. Le crux se situe dans la toute fin sur plats. Il n’est pas évident à vue, je m’y suis employé et il a eu raison de la malheureuse Marine. C’est long mais à essayer pour tester son mental.

« God michou » 7b+ déjà décrit dans le début de cet article, nous n’y reviendrons pas. Après ceci normalement vous devriez être bien échauffé. Passons donc à la description des 7c, 8a. Voies dans lesquelles nous nous sommes majoritairement exprimés.

« M.I.Q variante de gauche » 7c+ déjà décrit dans le début de cet article, nous n’y reviendrons pas.

«Choucroute et vielle croute » 7c+ cette voie aurait aussi pu s’appeler le cauchemar de Marine, à vue elle tombe sur le bac final. Mais le lendemain j’ai fait la même chose, c’est peut être juste que ce pas est dur… Le tout début n’est pas bien commode non plus, il faut s’étirer sur de mauvais pieds puis on a un bon repos et une section bien rési. Finalement je réalise cette voie au premier essai.

« Choucroute et vielle croute (variante de droite) » 8a Encore une voie que je réalise au premier essai. Après la vire il y a une section bien dure ou il est difficile de poser les pieds, on en sort par un jeté sur heureusement une très bonne écaille. Ensuite c’est de la rési sur petites prises coupantes. Attention si vous êtes brouté ça va faire mal.

« Petite danseuse » 8a+ Marine va dans un premier temps réaliser cette voie au 3ième essai. Puis comme elle connaît bien la voie je tente le flash que je réussis après un combat mémorable. Globalement la voie est une succession de pas un peu bloc entrecoupés de bons repos. Le tout se révélant bien daubant dans le final. Il s’agit certainement d’une des plus belles voies du secteur, à essayer absolument !!

Les 8b+ :

Enfin j’avais pour projet des voies plus difficiles que je ne suis malheureusement pas parvenu à réaliser. Je vais quand même livrer mes impressions à leur sujet.

« Dragé fuca » 8b+ Sur le papier c’était mon projet après plusieurs montées de travail, cela c’est révélé trop dur. Le crux sur petites prises et mauvais pieds c’est révélé beaucoup trop aléatoire pour moi. Je pense que ce n’est pas évident pour la cote.

« La nouvelle voie à droite de Dragé Fuca » 8b+ Très long, je fais plutôt bien les mouv mais de la à les enchaîner… Bon courage. Il faudrait un peu de passage pour finir d’enlever la poussière et ce serait majeur.

En résumé la Saume c’est exigeant mais c’est dément. Des voies magnifiques, pas trop de monde, de quoi satisfaire vos appétits de grimpeurs. Ce qui est dommage c’est le manque de voies faciles, mais pour cela il y a le secteur 1 qui commence au 6a (approche 20minutes) et le secteur 3 qui commence au 6b (approche 1h). N’hésiter pas à y faire une visite, je ne pense pas que vous le regretterez.

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